De la survie au succès — une nouvelle page pour le secteur hôtelier

[00:02:35] Sally Ça passera, non ? Oui, je travaille dans ce secteur depuis un certain temps. Et je pense que, même si l’on regarde en arrière, c’est incroyable de voir à quel point les choses ont changé. À mes débuts, il y a de très nombreuses années, l’une de mes tâches consistait à mettre à jour les disponibilités et les tarifs de distribution pour un grand hébergement comptant plus d’une vingtaine de types de chambres. Et nous n’étions pas connectés à l’époque. Ainsi, chaque fois que je devais mettre à jour la stratégie de gestion des revenus, je devais prendre une énorme tasse de café, m’asseoir à la réception et passer huit à dix heures à mettre à jour les tarifs pour chaque jour de l’année. Je devais le faire manuellement et je suis sûre que j’ai commis des erreurs. Je sais que j’en ai fait. Je crois que certaines personnes ont eu des tarifs très intéressants, peut-être 29 USD au lieu de 299 USD. On ne sait jamais. Mais aujourd’hui, si on regarde bien, on peut aller beaucoup plus vite. Plus besoin de rester assis à actualiser manuellement les tarifs. On avance vite. La distribution va plus vite, les outils et les logiciels de gestion des revenus vont plus vite, et c’est tout simplement incroyable à observer. Quoi qu’il en soit, je pense que l’une des raisons pour lesquelles je suis restée si longtemps dans le secteur est qu’il change et évolue sans cesse, et j’aime ça.  
 

[00:03:42] Brandon Vous évoquez les erreurs de tarif. On a l’impression que la technologie a réglé ce problème, et c’est probablement mieux ainsi. Mais bon sang, que j’avais adoré sauter sur un billet à 160 USD de Chicago à Stockholm un week-end. On était partis avec un groupe de copains. Ce fut le week-end le plus court et aussi le plus long de toute notre vie. Nous sommes ravis d’être ici pour parler d’un sujet qui nous passionne, à savoir les voyages, mais vous n’aurez pas à vous fier à nos connaissances. Nous accueillerons des invités de renom de l’univers du voyage. Et nous en avons une belle brochette. Nous commençons par l’un des meilleurs, l’un de mes préférés. Il est journaliste. Il s’appelle Dennis Schaal. Sally, présentez-nous d’abord notre interlocuteur.

[00:04:18] Sally Absolument, Brad. Je suis ravie d’accueillir Dennis dans l’émission. Dennis se consacre au voyage en ligne et aux locations de courte durée. En 2016, il a écrit l’histoire orale de référence du voyage en ligne, et cela fait plus de 20 ans qu’il couvre le secteur et interviewe ses leaders. Il tenait auparavant une chronique dans USA Today sur les sites Web et les applications de voyage. Père de trois enfants, il vit à Rincón, à Porto Rico. Vous serez surpris d’entendre le large éventail de sujets que nous couvrirons avec Dennis, qui touchent vraiment à l’ensemble de l’industrie, toutes branches confondues, avec des perspectives exclusives quant à la direction que le secteur devrait prendre à l’avenir selon lui.
 

[00:04:56] Brandon Mon Dieu. Et si vous pensez que voyager avec deux téléphones est un exploit, attendez d’entendre ce que fait Dennis. C’est une excellente interview. Entrons dans le vif du sujet. Dennis, vous êtes l’une des quatre personnes pour lesquelles j’ai configuré des notifications Twitter. Si je ne l’avais pas fait, je recevrais quand même un message de ma mère. Elle aime m’envoyer vos articles par e-mail. En bref, elle est elle-même abonnée à tous les articles de Skift. Nous sommes donc très heureux de vous avoir avec nous aujourd’hui dans le podcast Powering Travel. Merci de vous être joint à nous.
 

[00:05:22] Dennis Hé, Brandon, je ne vous crois pas du tout à propos de votre mère.
 

[00:05:26] Brandon Je vais vous le prouver. Je vous jure que j’en ai la preuve. Croyez-moi. Elle envoie les bons, les moins bons.
 

[00:05:32] Dennis Et les mauvais ?
 

[00:05:33] Brandon C’est ça. Commençons par autre chose. Un sujet un peu plus léger, non ? Parlez-nous de Skift, dont vous êtes le numéro deux. C’est manifestement l’une des sources d’informations les plus influentes de l’industrie du voyage. Vous avez vu les choses évoluer. Vous avez vu les tendances se succéder. Comment le secteur a-t-il évolué et quel est votre objectif fondamental avec ce média ?
 

[00:05:51] Dennis Eh bien, « skift » signifie changement ou transformation en norvégien et en danois. Nous sommes entrés dans l’industrie des médias de voyage avec l’envie de faire bouger les choses. Vous savez, nous pensions que les métiers du voyage étaient ennuyeux, pleins de jargon. Ils n’avaient pas à l’être. Nous avons donc essayé d’adopter un style d’écriture décontracté, sans jargon. Nous essayons d’écrire pour le secteur, mais de manière à ce que les voyageurs passionnés puissent aussi comprendre. À nos débuts, je me souviens que nous étions dans un espace de coworking et qu’il y avait peut-être cinq PDG qui nous parlaient dans l’année. Et maintenant, nous avons déclaré que notre objectif était de devenir la page d’accueil de l’industrie du voyage. Et nous y sommes en quelque sorte parvenus. Skift est en quelque sorte une lecture incontournable pour l’industrie du voyage, il faut au moins jeter un coup d’œil aux titres de la newsletter chaque jour. Nous sommes donc très fiers de ce que nous faisons. Nous sommes environ 62 personnes dans le monde, en Inde, dans toute l’Europe, à Londres, partout aux États-Unis, à Hawaï, à Porto Rico, en République dominicaine.

[00:06:53] Sally Dennis, le voyage est un secteur qui évolue très vite. Comment faites-vous pour rester au fait de tout cela ? Où allez-vous chercher vos informations sur le voyage en particulier ? Parce que je sais que vous êtes au courant de tout.  

[00:07:03] Dennis Je pense que la meilleure chose, la façon dont je reçois le plus d’histoires… Tout d’abord, je suis un mordu de déclarations SEC. Alors quand Expedia dépose un 10-K ou un 10-Q, je le lis le samedi soir et j’y trouve toutes sortes de pépites que je n’aurais pas trouvées autrement. Mais pour recueillir des informations, le meilleur moyen est d’aller à une conférence et de parler aux gens, car c’est là que les gens se sentent à l’aise pour vous parler et vous révéler des choses. Et il en va de même pour les interviews. Souvent, les entreprises veulent faire des interviews par e-mail, mais cela n’a rien à voir avec une conversation en personne. On en apprend beaucoup plus. Et si les gens vous disent qu’une tendance va dans un sens ou dans l’autre ? Consultez vos propres données.  
 

[00:07:55] Brandon Dennis, d’après ma propre expérience, j’ai constaté quelque chose chez vous, au sujet des SEC. La première chose que je me dis, c’est : comment fait-il pour lire ça aussi vite ? Est-ce que vous recherchez des termes avec CTRL+F, comment faites-vous ?  
 

[00:08:07] Dennis Eh bien, il y a toujours une table des matières. Je me concentre donc sur les éléments dont je sais qu’ils auront de l’importance, comme les fusions et acquisitions, le rapport de gestion de l’entreprise, les questions juridiques. Vous savez, il y a beaucoup de choses dont on ne peut pas venir à bout là-dedans. Et franchement, il y a beaucoup de choses que je ne comprends pas ! Donc, oui, je fais des CTRL+F et je vais dans différentes sections, comme celle des facteurs de risque qui est toujours croustillante, celles dont je sais généralement qu’elles m’apporteront quelque chose.  
 

Brandon [00:08:38] C’est tout aussi intéressant. Vous avez parlé de jargon. Je pense que Skift crée souvent les mots que le secteur utilise. Je sais que Skift a inventé le terme de « surtourisme ». Nous avons remarqué dans un récent article de Skift que vous n’avez pas écrit, que les gens peuvent se rendre dans des attractions de qualité différente et passer des vacances de même qualité. Comment Skift a-t-il adopté l’état d’esprit qui veut que l’on veille à ce que les voyages soient durables ?  

[00:09:02] Dennis Oui, nous constatons, au fil des enquêtes, que les voyageurs sont plus conscients. Certains voyageurs sont plus conscients. Ils veulent pouvoir choisir des options durables. La question est de savoir combien répondent aux enquêtes de cette manière et combien d’entre eux agissent réellement. Je pense donc que l’une des choses à faire est de mettre en place des mesures incitatives. C’est intéressant. En France, Air France propose désormais des formules train + avion pour que les gens n’aient pas à prendre des vols court-courriers et à polluer, ils proposent donc de combiner un voyage en train et un vol, et c’est une tendance. Pourquoi les hôtels ne distribueraient-ils pas des points de fidélité ? Si l’on renonce au service de ménage quotidien avec des mesures incitatives proposées aux voyageurs… Cela deviendra de toute évidence une question de plus en plus importante.  
 

[00:09:54] Sally Oui, absolument. Je pense qu’il est également utile, quand on séjourne dans un hébergement ou qu’on voyage avec une compagnie aérienne, de comprendre l’impact de nos choix. Je discute avec beaucoup de grands voyageurs qui veulent faire plus de choses de ce genre et qui veulent aussi comprendre leur impact. La durabilité est donc assurément une priorité et une tendance. C’est un choix. Mais je suis curieuse de savoir ce que vous en pensez, car vous avez mentionné beaucoup de choses autour de la COVID-19 et de ce que nous avons vu dans l’univers du voyage ces deux dernières années. Si vous réfléchissez à cette période ou même à ces derniers mois, vous avez souvent eu la primeur de certaines choses ou vous avez eu accès à des informations toutes fraîches dans la presse. Y a-t-il eu un moment où vous vous êtes dit : « Waouh, je ne l’avais pas vu venir », ou bien « J’ai été complètement surpris par quelque chose qui est apparu récemment dans le secteur » ?  
 

[00:10:43] Dennis Vous allez rire. C’est assez banal. Enfin, pas vraiment. Les codes QR, nous les avons déclarés morts il y a bien longtemps. Un de mes collègues a dit : « Les codes QR, c’est la chose la plus inutile qui ait jamais été inventée. » Aujourd’hui, il est impossible d’aller au restaurant et de lire le menu sans code QR. Ils font désormais partie intégrante de l’expérience de voyage. C’est le premier point. Les chaînes hôtelières qui se lancent dans la location de courte durée, vous savez, les hébergements et villas Marriott et Accor qui rachète onefinestay. Nous organisons une conférence quelques semaines après la vôtre, où pour la première fois, nous réunirons les hôtels et les entreprises de location de courte durée dans une même conférence, parce que tout se mélange. J’imagine que ce sont là quelques exemples. 
 

[00:11:35] Brandon Dennis, une petite question sur les locations de vacances sur lesquelles vous venez d’embrayer. Pensez-vous que les entreprises investissent dans les locations de vacances alors qu’elles investissaient traditionnellement dans l’hébergement traditionnel parce qu’elles pensent que les clients veulent avoir le choix ? Est-ce donc une décision motivée par la rentabilité ou veulent-elles simplement élargir leur offre pour s’assurer d’attirer plus de voyageurs et de les intégrer à leurs propres programmes de fidélité ?  
 

[00:11:57] Dennis Je pense qu’il s’agit surtout d’offrir le choix aux voyageurs car à certains égards, par rapport à l’hôtellerie, les locations de vacances peuvent être moins rentables. Il y a beaucoup plus de service clients dans le cadre des locations de vacances. Le voyageur se présente et le casier sécurisé ne fonctionne pas, les locations de vacances sont si différentes les unes des autres. Ça ne ressemble pas aux photos, etc. Je pense qu’il s’agit principalement d’offrir le choix aux voyageurs.  

[00:12:30] Brandon Nous prévoyons que la période estivale de voyages sera incroyablement chargée. Et je pense que l’un des défis à relever sera la disponibilité du personnel, non seulement dans les hôtels et dans le domaine des locations de vacances, mais aussi dans les secteurs de l’aviation et des croisières. Selon vous, quel sera l’impact de la pénurie potentielle de main-d’œuvre dans certains de ces domaines sur cet été très chargé en voyages ? 
 

[00:12:53] Dennis Les compagnies aériennes américaines annoncent déjà une réduction de leur capacité. Je ne suis pas sûr qu’elles réduiront leur capacité, mais elles fonctionneront par exemple à 80 % de leur niveau de capacité de 2019, parce qu’elles n’ont pas le personnel, les pilotes et les agents de bord. Je vis à Porto Rico. Samedi dernier en fin d’après-midi, j’étais dans un bar-restaurant branché. Le restaurant a fermé la cuisine à 18 h 00 parce qu’il n’avait pas assez de personnel en cuisine. Tant d’entreprises essaient simplement de survivre. Tant de sociétés hôtelières ont dû réduire leurs services. Les restaurants sont fermés, l’entretien ménager est minimal. Je pense qu’ils sont plus dans une logique de survie que d’investissement à ce stade. Mais il faut espérer qu’avec le retour de l’industrie du voyage, ils pourront y consacrer davantage de ressources.

[00:13:53] Sally Je trouve intéressant que Dennis ait parlé des codes QR et je ne pense pas du tout que ce soit idiot. C’est tout à fait vrai, car c’est ce que nous avons vécu ces dernières années. Dans les menus quand on voyage. La semaine dernière, j’étais à l’aéroport pour me rendre à Las Vegas et non seulement j’ai eu le code QR pour voir le menu, mais j’ai commandé et payé avec le code QR. C’était si facile et si rapide, surtout dans un aéroport où l’on ne s’arrête pas longtemps pour manger, où l’on est aussitôt reparti. J’en vois dans les hôtels, les restaurants, les transports, le marketing. Ils sont adoptés rapidement et c’est amusant parce qu’ils existent depuis des années mais n’ont jamais autant décollé que récemment.  
 

[00:14:31] Brandon Le code QR. Quel retour en force. Vraiment, je pense aux Patriots menés 28-3 par les Falcons pendant le Super Bowl comme je pense au code QR. Ce sont les deux plus grands retours que nous ayons jamais vus. Je ne suis pas un fan des Patriots, pour être clair, mais oui, je suis tout à fait d’accord. Et je pense que les codes QR créent vraiment de la valeur dans le domaine du voyage lorsque l’on pense aux défis en matière de personnel, quand on peut commander avec un code QR et payer avec un code QR. Cela fait une personne en moins à employer. Je ne veux pas dire que nous ne devons pas pourvoir tout le secteur en personnel, mais ce que je dis, c’est que nous rendons le processus plus efficace afin de libérer cette personne pour qu’elle s’occupe d’une tâche peut-être un peu plus stratégique. Et je pense qu’avec les codes QR, pour en finir avec cette question qui a fait grand bruit au cours de cette période de COVID, l’expérience créée par un code QR est fluide. Et je pense que c’est ainsi que nous voulons voyager, de manière fluide. Il y a donc beaucoup de choses à apprendre de ce vieux dinosaure, le code QR, qui a failli passer à la trappe. Peut-être devrions-nous même nous réjouir de cette résurgence, car elle nous a appris des choses sur l’efficacité et le commerce en ligne. Et j’ai moi-même vécu une expérience similaire. Ce n’était pas avec un code QR, mais je n’arrivais pas à passer une commande en ligne auprès d’un restaurant. Et quand j’ai utilisé mon téléphone mobile au lieu de mon ordinateur, cela a fonctionné immédiatement. Je pense donc qu’il y a quelque chose à dire sur l’évaluation des gains d’efficacité et sur l’interaction avec le personnel. Mais bon sang, Dennis a fait d’excellentes remarques. 

[00:15:59] Sally Concernant les voyages estivaux et la demande, l’une des choses qui m’ont agréablement surprise ces deux dernières années, c’est la résilience du secteur du voyage. Évidemment, il y a eu des hauts et des bas, mais d’une manière générale, c’est formidable de voir que beaucoup de gens continuent d’investir et de voyager. On parle de la hausse des coûts du carburant et vous mentionnez la réduction de la capacité des compagnies aériennes sous diverses formes, mais il y a toujours cette demande, ce qui entraîne souvent une hausse des prix dans l’ensemble. Le prix du voyage augmente donc. Comment voyez-vous l’impact sur le comportement des voyageurs, seront-ils affectés ? Quel est votre avis ?  
 

[00:16:34] Dennis Oui, je suppose qu’il y a tellement de demande refoulée. Je pense que les gens vont voyager. Mais ce que nous constatons aujourd’hui, c’est qu’en mars, le taux d’inflation aux États-Unis et en Europe était d’environ 8 %. Nous avons également remarqué que pendant la pandémie, il n’y a pas eu autant de remises qu’on aurait pu l’imaginer. Cela va donc influencer les choix des gens. J’ai consulté aujourd’hui les données de SimilarWeb et il en ressort que, malgré la guerre en Ukraine, la tragédie que cela représente, la demande en matière de voyages au Royaume-Uni et dans l’UE augmente, le trafic sur les principaux sites de voyage en Europe a progressé d’environ 15 % en mars. Ce qui se passe en Ukraine est horrible, mais cela ne dissuade pas les gens de prendre l’avion et de planifier leurs voyages.  
 

 [00:17:26] Brandon Vous avez beaucoup écrit récemment sur les nouveaux concurrents dans le secteur du voyage. Selon vous, qu’est-ce qui définira ceux qui survivront à cette période et ceux qui n’y survivront pas ?    
 

[00:17:37] Dennis Le fait de répondre aux besoins des voyageurs et d’être à l’écoute des dernières tendances. Par exemple, l’une des entreprises à surveiller est Sonder. Pour ceux qui ne savent pas ce qu’est Sonder, l’entreprise a commencé par proposer des locations de courte durée et essaie maintenant de créer une marque d’hôtellerie. Ils affirment révolutionner le secteur de l’hôtellerie, mais en automatisant une grande partie de leurs opérations. Par exemple, si vous vous enregistrez dans un hébergement Sonder, vous ne verrez personne de chez Sonder. Vous leur envoyez des SMS pour des questions liées au service clients. Ils affirment supprimer de nombreux coûts, mais ils s’adressent réellement aux jeunes voyageurs. En revanche, si vous interrogez de grandes marques comme Marriott ou Accor, elles estiment que l’hôtellerie de proximité, la véritable hôtellerie, va l’emporter. Il sera donc intéressant de voir comment cela se déroulera. Bien entendu, Sonder a beaucoup d’argent à sa disposition, elle a été bien financée. Elle vient de présenter des bénéfices nets gigantesques et a effectué une IPO ou une SPAC, quelle que soit la manière dont elle est entrée en bourse. Il faut donc avoir des ressources suffisantes. Il faut avoir un bon plan, écouter le client et voir comment le marché réagit.
 

[00:18:59] Brandon En élargissant un peu le champ d’action à des entreprises qui, historiquement, n’étaient pas présentes dans le secteur du voyage… vous savez, nous avons vu débarquer Uber. La rumeur veut toujours qu’Amazon s’intéresse au secteur du voyage. On imagine la super-application où l’on peut réserver, acheter un rouleau d’essuie-tout et réserver un voyage. Quelles sont selon vous les raisons pour lesquelles ils n’ont pas connu le même succès ces derniers temps ou n’ont pas vraiment réussi à se pérenniser dans l’industrie du voyage ?  
 

[00:19:25] Dennis Ils connaissent un certain succès en Chine et en Asie du Sud-Est. Mais j’ai récemment écrit un article sur Uber. Ils ne se sont même pas encore lancés dans l’hôtellerie et les vols. Ils vont le faire, d’ici quelques mois. Quand on planifie son voyage, est-ce qu’on commence par se demander quelle navette on prendra à l’aéroport ? Tout d’abord, il faut déterminer l’aéroport où l’on se rend. On commence généralement par les vols. J’ai donc de gros doutes. Je sais que beaucoup de gens se sont dit : « Oh mon Dieu, Uber se lance dans le voyage ! » Mais en même temps, je pense que le fait que les gens soient appelés à réserver des vacances et des voyages d’affaires complexes via Uber est un grand bond en avant.  
 

[00:20:09] Sally De nombreux acteurs sont arrivés et je pense que cela montre l’ampleur de l’écosystème du voyage et l’argent qu’il est possible d’y gagner. Il est fascinant de voir les gens se lancer, même au sortir de la pandémie. Je suis donc très curieuse de voir comment nous pourrons aider. C’est en réalité une bonne transition puisque nous allons parler de l’avenir. Dans votre esprit, si vous vous projetez dans l’avenir, quel sera le prochain grand phénomène ? Quel est le sujet qui vous enchante et sur lequel vous n’avez pas encore écrit ? Selon vous, qu’est-ce qui, dans le domaine du voyage, pourrait être le nouveau phénomène le plus excitant dans cinq ans ?

[00:20:41] Dennis Je ne pense pas que ce sera nécessairement le métavers, mais il pourrait s’agir de quelque chose que nous n’imaginons même pas aujourd’hui. Je suis allé à Londres il y a quelques semaines pour une conférence de notre entreprise, et mes deux cousins roulaient en véhicule électrique. Ils ont dit qu’environ 30 % des ventes de voitures neuves, quelque chose comme ça au Royaume-Uni, concernaient des véhicules électriques. J’ai donc hâte de voir cela. J’ai hâte de voir des bornes de recharge dans chaque hôtel et que cela devienne un phénomène important. Ce n’est pas le prochain grand phénomène, mais la prochaine controverse dont je pourrais parler et que je n’ai pas encore abordée, ce sont les frais de ménage dans les locations de courte durée. Ça va exploser. Il y a une hausse spectaculaire. Et je sais que beaucoup d’hôtes en débattent. Dois-je inclure mes frais de ménage dans le tarif ou doivent-ils être distincts ? Parce qu’on a l’impression de se faire avoir quand on voyage, qu’on arrive au terme de la réservation d’un hébergement de vacances et qu’il y a des frais de ménage qui représentent environ la moitié du prix de la nuitée. Ce n’est donc pas rien.
 

[00:21:52] Brandon C’est un peu comme si les frais de ménage étaient devenus les nouveaux frais d’établissement. C’est vraiment spécifique aux locations de vacances. Je pense que vous soulevez un excellent point. Vous vous apprêtez à quitter un hébergement et vous constatez que les frais de ménage représentent environ 30 % du coût. Pensez-vous que si ces politiques se poursuivent, les locations de vacances perdront en popularité ? Parce que le prix que l’on voit en réservant une chambre ou une maison n’est pas celui que l’on voit au moment du départ. Pensez-vous que cela aura un impact sur la demande de locations de vacances ?
 

[00:22:25] Dennis Je pense que les gens seront plus regardants sur les locations de vacances qu’ils réservent parce qu’un petit nombre de locations de vacances n’ont aujourd’hui pas de frais de ménage distincts. Ils sont inclus dans le tarif. Je lisais l’autre jour un fil de discussion d’une hôte qui disait qu’elle ne réserverait jamais une location avec des frais de ménage distincts. Je pense donc que les gens seront plus sélectifs. Il y a aussi le fait que si vous devez annuler votre location et que les frais de ménage sont inclus dans le prix de la chambre, vous risquez de ne pas obtenir la totalité du remboursement que vous auriez pu recevoir autrement. Nous avons abordé la question des frais d’établissement et des entreprises qui ont réussi et celles qui ont échoué pendant la pandémie. En ce qui concerne les hôtels, je sais que vous avez un large public, mais je pense que ceux qui continuent de facturer des frais d’établissement pendant la pandémie alors que les services hôteliers diminuent commettent une erreur. En ce qui concerne les choses qui vont devenir importantes ou qui peuvent le devenir, le prochain phénomène important sera selon moi qu’on verra de plus en plus d’entreprises du secteur du voyage se lancer dans la fintech. C’est un mot à la mode. Il signifie beaucoup de choses en fonction des gens, comme, par exemple « acheter maintenant, payer plus tard ». Cela existe depuis longtemps, mais cela va devenir de plus en plus populaire, tout comme d’autres services fintech, qui s’apparentent davantage à une assurance voyage : je vais geler le tarif de ce billet d’avion, je vais geler ce tarif. Je vous paie 25 dollars et vous me laissez geler le prix de l’hôtel pendant une semaine ou deux. Je pense vraiment que ce phénomène va prendre de l’ampleur.
 

[00:24:08] Brandon Merci, Dennis. Nous avons eu d’excellentes réflexions aujourd’hui. Nous apprécions vraiment votre point de vue sur le secteur. Pour finir sur une note plus légère, nous allons faire un petit jeu. Changeons de perspective, car si nous travaillons dans l’industrie du voyage, nous sommes nous-mêmes tous des voyageurs. Voici donc quelques questions ludiques pour mieux vous connaître en tant que voyageur. Première question. Quel est l’objet sans lequel vous ne pouvez pas voyager ?  
 

[00:24:31] Dennis Pff, c’est difficile. Mon téléphone, cela va de soi. Deux ordinateurs portables. Je voyage généralement avec deux ordinateurs portables parce que souvent, quand je voyage, je travaille aussi. L’un des défis que l’on doit relever aujourd’hui dans le cadre de notre travail est de suivre le système de messagerie de l’entreprise. Chez Skift, nous utilisons Basecamp, d’autres personnes utilisent Slack, et je suis toujours celui qui manque le message Slack, ce qui fait de moi le dernier dans l’entreprise à savoir ce qui se passe. Je prends donc deux ordinateurs pour ne pas me faire hurler dessus parce que je ne réponds pas aux messages.  
 

[00:25:05] Brandon À côté de vous, ceux qui utilisent deux téléphones passent pour des débutants. C’est impressionnant.   
 

[00:25:10] Sally Ça reflète vraiment la tendance du bleisure. J’adore.  
 

[00:25:13] Brandon Oui, je crois que Bleisure devrait être votre deuxième prénom, Dennis. D’accord. Celle-ci est amusante et concerne les programmes de fidélité. Quelle est la chose la plus folle ou la plus illogique que vous ayez faite pour obtenir un avantage fidélité, que ce soit pour obtenir un statut ou pour cumuler des points supplémentaires ? Quelle est la chose la plus folle que vous ayez faite ?  
 

[00:25:29] Dennis Je ne suis pas un grand adepte des programmes de fidélité. Je ne prends pas de vols uniquement pour gagner des points. La chose la plus folle que j’ai faite, et vous ne penserez pas du tout que c’est une folie, c’est de ne pas avoir réservé directement auprès d’un site pour ses récompenses de fidélité.
 

[00:25:48] Brandon Très intéressant. Enfin, une chose que nous aimerions savoir : quel est le voyage le plus mémorable que vous ayez fait, quand vous pensez à votre passion pour les voyages ? Quel est le voyage auquel vous pensez le plus et qui a réellement déclenché cet amour chez vous ?  
 

 [00:26:00] Dennis Les îles Galápagos, sans aucun doute. C’était génial de voir toutes ces créatures. Il faut aller sur ces îles. Il y en a certaines où l’on ne peut pas atterrir. Il faut donc se poser sur l’eau et rejoindre la terre ferme. Beaucoup d’animaux n’ont pas peur de l’homme en raison de l’isolement total des îles Galápagos. C’était vraiment incroyable à voir. Et bien sûr, on peut assister à la danse nuptiale du fou à pieds bleus, c’est une chose à voir absolument. C’est incroyable.  
 

 [00:26:31] Sally J’adore ce nouvel élément dans ma liste de choses à faire.  
 

[00:26:34] Brandon Oui, c’est comme moi quand je danse à un mariage. Je ne sais pas si on me regarderait danser à un mariage. Mais aller aux îles Galápagos semble très amusant et fait absolument partie de ma liste de choses à faire, moi aussi.  
 

[00:26:44] Dennis Oui, c’était génial.  
 

[00:26:46] Sally Formidable. Merci beaucoup d’avoir répondu à ces questions. Nous apprécions vraiment cela.  
 

[00:26:50] Dennis Merci. Merci de m’avoir accueilli.

[00:26:54] Brandon Nous n’avons pas été déçus. Je savais que Dennis serait un invité de choix et d’une formidable perspicacité. J’en ai tiré beaucoup d’enseignements. J’espère que vous aussi. Sally, puisque vous hochiez la tête, il semblerait que oui. Nous espérons qu’il en a été de même pour les auditeurs. Mais surtout, je pense qu’il est encourageant de voir que ses observations confirment non seulement qu’il est vraiment à l’écoute du secteur, mais aussi ce qu’il perçoit à l’échelle du secteur. J’ai trouvé très intéressant le passage à ce sujet avec la question d’Uber, car il s’agira de savoir qui s’adaptera au voyageur. Et je pense que c’est très important dans notre secteur, n’est-ce pas ? Si l’on considère que le voyageur est gagnant, c’est l’industrie du voyage qui est gagnante, car cela signifie que plus de gens font plus d’expériences, ce qui est également excellent pour notre activité.
 

[00:27:33] Sally Je suis du même avis. Vous savez, ce n’est pas le voyageur qui s’adapte au secteur, mais bien le secteur qui s’adapte au voyageur, ce qui est très important. Dennis a également mentionné quelques autres points qui m’ont semblé très intéressants, notamment en ce qui concerne la durabilité, un sujet puissant, un sujet plus important qui continue de revenir. Et j’ai aimé son intervention sur les mesures incitatives. L’idée d’aider les voyageurs à faire des choix durables, mais aussi de les récompenser pour cela. Je pense que c’est quelque chose que nous verrons un peu plus dans le secteur, je l’espère. L’autre élément qui a attiré mon attention est la fintech et l’investissement continu dans la fintech, ainsi que la manière dont ces technologies contribueront à servir les voyageurs, à leur fournir des avantages et à libérer de la valeur pour eux. Ce fut donc une excellente interview, une discussion très agréable.
 

[00:28:17] Brandon Oui. Je pense que ce qui est génial avec la fintech, c’est qu’elle va permettre plus de voyages, surtout si l’on pense à la formule « acheter maintenant, payer plus tard » qui prend de plus en plus d’ampleur dans le secteur. Voyager est bon pour les gens et je sais que cela semble un peu cliché, mais c’est vrai. Et je pense que plus on a de tampons sur son passeport, plus on fait de road trips en famille, plus on est équilibré et plus on vit de belles expériences en voyage. Pour moi, c’est vraiment essentiel, surtout après cette période de deux ans où nous sommes restés enfermés dans nos maisons, avec peut-être juste le sport à domicile et des commandes occasionnelles à emporter pour nous divertir. Je pense qu’il est essentiel que les gens puissent repartir en toute sécurité et la fintech va certainement permettre cela.
 

[00:29:00] Sally Je suis on ne peut plus d’accord. Si vous voulez continuer de suivre Dennis, consultez Skift sur Skift.com ou abonnez-vous à son compte Twitter @denschaal. D-e-n-s-c-h-a-a-l. Et n’oubliez pas de configurer des notifications comme Brandon pour recevoir les dernières informations.
 

[00:29:19] Brandon Vous pourriez rejoindre la mailing list de ma mère, mais nous vous inviterons plutôt à vous abonner à Skift. L’investissement en vaut la peine. Merci beaucoup Dennis de nous avoir rejoints et merci Sally, quel bel épisode. J’attends avec impatience l’épisode 2.
 

[00:29:29] Sally Nous espérons que vous avez apprécié cet épisode de Powering Travel. Votre avis nous intéresse. Alors restez en contact avec nous sur expediagroup.com en écoutant notre podcast Powering Travel. Abonnez-vous pour recevoir une notification lorsque de nouveaux épisodes sont en ligne et n’oubliez pas de noter et d’évaluer l’émission. Un grand merci à tous ceux qui dynamisent le secteur du voyage. Merci de nous avoir écoutés.