« Le tourisme, c’est à la fois une histoire et le fait de raconter une histoire. Fini le temps où les touristes se contentaient de monter dans un bus touristique et d’en descendre pour prendre un selfie avant de poursuivre leur route. Il est question d’interagir avec les autres. »
Au programme
Écoutez l’épisode 2 du podcast Powering Travel animé par Brandon Ehrhardt, avec comme invité, le Dr Stephen Pratt, et comme animatrice invitée, Angelique Miller.
Rejoignez-vous pour une discussion passionnante sur la popularité croissante du ciné-tourisme et ses impacts sur les communautés, les économies et les voyageurs dans le monde. Vous découvrirez également ce que le tourisme de divertissement signifie pour l’avenir des voyages et du tourisme durable.
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Transcription
[00:03:29] Brandon Vous êtes l’auteur de plusieurs études sur le ciné-tourisme et la manière dont nous voyageons. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre travail et les raisons pour lesquelles celui-ci est important pour les prestataires de services de voyage ?
[00:03:43] Dr Pratt Oui, bien sûr. Mon intérêt pour ce sujet est né de mon amour pour les voyages, le tourisme et les films. Je suis moi-même adepte du ciné-tourisme ; c’est pourquoi je voulais concilier les deux. C’est pour ça que le sujet m’a d’abord intéressé. Qui plus est, nous avons aujourd’hui la liberté académique d’étudier des sujets qui nous intéressent et d’apporter notre contribution sur le plan académique pour l’enseignement, mais aussi l’industrie. C’est vraiment ainsi que mon intérêt est né pour ce sujet. Le ciné-tourisme présente aussi différents aspects intéressants. C’est une motivation, mais il ne se résume pas seulement aux lieux de tournage d’un film. Les touristes qui veulent voir les stars sur le tapis rouge peuvent voyager sur les lieux des avant-premières et des cérémonies de récompense, par exemple. Le ciné-tourisme revêt donc plusieurs formes et dimensions différentes.
[00:04:42] Brandon Pouvez-vous nous dire pour quelles raisons les touristes veulent tant voyager vers les destinations de films ou de séries ?
[00:04:49] D. Pratt La popularité d’une destination de tournage de film est intéressante. Elle dépend de plusieurs facteurs. Il n’y a pas de règle absolue, mais si un film est basé sur un livre et que les gens ont lu ce livre, cela donne lieu à du ciné-tourisme, mais aussi à du tourisme littéraire. Et cela contribue à l’engouement pour la destination. Le Seigneur des anneaux et la Nouvelle-Zélande ont fait un travail remarquable pour attirer les touristes à Hobbiton. Le fait qu’un film ou une série soit iconique joue aussi, car cela souligne l’importance des personnages et des lieux. Ainsi, des séries comme The White Lotus, filmée à Hawaï puis en Italie, ou encore Games of Thrones et sa préquelle, House of the Dragon, filmées en Irlande et en Croatie il me semble, ont fortement profité à ces pays. Ce sont quelques-unes des raisons pour lesquelles les voyageurs s’y rendent. L’attachement émotionnel joue aussi. Certains lieux apparaissent très peu ou n’ont pas vraiment d’importance dans l’intrigue. Ce sont alors davantage les personnages que les lieux qui attirent les touristes. Dans Game of Thrones, il y a une carte dans le générique de début, sur laquelle vous pouvez presque vous placer. Ainsi, Vous vous rendez dans la Maison des immortels, par exemple, à Qarth. Vous empruntez la Route royale, vous naviguez sur la mer Dothrak, ces types d’endroits. Dans une certaine mesure, vous y êtes. Dans ce cas, la géographie est plutôt importante. Mais dans d’autres films, il est davantage question des personnages que du paysage.
[00:06:33] Angelique Nous constatons un afflux conséquent de touristes vers ces destinations, qui profitent aujourd’hui beaucoup du divertissement touristique. Mais je me demande, maintenant que vous avez énuméré plusieurs films sortis au cours des 20 dernières années, si nous n’avons pas atteint un tournant, où l’on parle beaucoup de cette idée de ciné-tourisme, alors que ça n’a rien de nouveau. Selon vous, pourquoi ce sont surtout les nouvelles séries, et notamment The White Lotus, qui ont relancé ce type de tourisme ? N’écrivons-nous pas de cette manière depuis très longtemps ?
[00:07:10] D. Pratt Je pense que nous surfons sur cette vague depuis un moment, mais certaines destinations ont réellement pris de l’ampleur au cours des 10 dernières années, voire même des 20 dernières années, mais c’était plutôt aux États-Unis et au Royaume-Uni tout particulièrement. Ça concernait surtout des films d’époque comme Orgueil et Préjugés, qui a été filmé à Chelsea, et des châteaux, comme celui qui apparait dans Downton Abbey, sur lequel j’ai réalisé une étude. Il y a aussi Raison et Sentiments, tous ces films à la Jane Austen, les films d’époque, qui ont profité au ciné-tourisme. Le fait que ces films aient été tournés dans ces lieux ne fait que renforcer la connexion émotionnelle que les gens ont avec ces destinations, car ils ont suivi les aventures des personnages en grandissant ou bien parce qu’ils ont développé un lien différent avec eux.
[00:07:59] Brandon Ma question n’est pas évidente. C’est quelque chose dont Angelique et moi reparlerons plus tard dans cet épisode, car c’est difficile à décerner lorsque quelqu’un se présente au Four Seasons en Sicile. Est-ce que cette personne est là pour The White Lotus ou pour la destination ? Sur la base de votre expérience et de votre expertise, quel a été le premier film ou la première série télévisée qui a véritablement donné de l’ampleur au concept de ciné-tourisme ?
[00:08:26] Dr Pratt Certaines des premières études sur le sujet portaient sur Jusqu’au bout du rêve, par exemple. Les gens voulaient voir l’endroit où Kevin Costner crée le terrain de baseball. C’est l’un des premiers films dont les gens ont commencé à parler. Jusqu’au bout du rêve, Potins de femmes, voilà quelques-uns des premiers films à avoir donné lieu à du ciné-tourisme.
[00:08:51] Angelique C’est peut-être Kevin Costner qui est derrière le ciné-tourisme. Il a…
[00:08:55] [00:08:55] Brandon L’Appel de la forêt. [0.5s]
[00:08:57] [00:08:57] Angelique L’Appel de la forêt. [0.1s] Yellowstone. Il a peut-être eu l’effet d’un catalyseur. Tout repose sur Kevin Costner.
[00:09:02] Dr Pratt Les grands noms y contribuent certainement. Pour répondre à votre question, nous avons réparti les touristes en trois groupes. Le premier, c’est le groupe des adeptes purs et durs du ciné-tourisme. Ils aiment tant un film qu’ils réservent leur voyage et un hôtel pour aller visiter le lieu de tournage par exemple. Ensuite, il y a les gens qui sont déjà dans le pays du tournage. Prenons l’exemple d’Hawaï. Ils sont là pour s’adonner au surf ou à d’autres activités. Comme ils sont déjà sur place, et qu’ils ont vu la série, ils veulent visiter les lieux de tournage. Il s’agit de ciné-tourisme indirect. Enfin, il y a ceux qui entendent parler d’un film ou d’une série pour la première fois à leur arrivée. Et certaines des destinations évoquées, vous l’avez dit Angelique, tirent parti de ça. L’un des premiers réceptifs locaux ou organisations de gestion de destinations à avoir utilisé ou exploité le ciné-tourisme était basé au Royaume-Uni. Il publie ces cartes de lieux de tournage pour que les touristes puissent s’y rendre par eux-mêmes pour voir où les films ont été tournés.
[00:10:04] Angelique J’aimerais avoir votre avis sur le ciné-touriste pur et dur. Pour moi, il s’agit d’une cohorte intéressante de personnes qui vont potentiellement voyager vers une destination où elles ne se rendraient pas en temps normal. J’en parle, car j’ai lu un article sur les effets du tourisme dans certaines régions d’Irlande et de l’île de Mull, une île écossaise. Ces destinations accueillaient des touristes en quête de calme et de tranquillité. Elles voient maintenant débarquer divers groupes d’individus, qui viennent pour des raisons très différentes. Pensez-vous que ce type de changement a une incidence négative sur ces environnements locaux ? Que doivent faire les destinations concernées pour accueillir ces nouveaux groupes de touristes ?
[00:10:51] Dr Pratt C’est un gros problème depuis quelques années. On peut citer comme exemple l’Écosse, où était filmée l’émission télévisée pour enfants Balamory. Peut-être que ça vous dit quelque chose ?
[00:11:00] Angelique C’était le sujet de l’article que j’ai lu.
[00:11:01] Dr Pratt Tous les acteurs, les locaux avant tout, mais aussi les organismes de gestion de destinations et les entreprises du tourisme doivent coordonner leurs efforts pour faire face au ciné-tourisme. Il est question d’« économie de l’expérience ». Les touristes veulent se rendre sur les lieux de tournage et les visiter ou bien s’habiller comme leurs personnages préférés et dire quelques répliques pour le mettre sur TikTok. C’est un peu leur mot d’ordre. On passe vraiment au niveau supérieur en matière de types d’expériences recherchées. C’est en partie lié à la nouveauté. Il existe un facteur principal, le prestige, qui pousse à publier sur Instagram et TikTok, voire même Facebook pour les plus âgés, pour frimer et montrer où ils sont allés.
[00:11:49] Brandon Passons aux choses sérieuses et arrêtons-nous un instant sur le bénéfice aux économies locales. En quoi le tourisme du divertissement a-t-il une incidence sur les économies locales ? En prenant en compte les impacts négatifs du surtourisme, quels lieux ont su tirer leur épingle du jeu ?
[00:12:05] Dr Pratt Alors. Comme prévu, les bénéfices, y compris l’effet multiplicateur, sont nombreux. Les touristes du divertissement sont un peu différents des touristes classiques. Ils sortent, ils visitent le lieu de tournage, donc ils ont davantage besoin d’un moyen de transport que les touristes qui séjournent dans des complexes hôteliers et qui ont tendance à moins bouger. Ça a un impact sur la création d’emplois, ça favorise l’entrepreneuriat. De nombreux entrepreneurs créent des excursions ou deviennent guides, c’est notamment le cas des très grands fans. Ils contribuent à raconter cette histoire ; nous parlons d’économie de l’expérience, mais ça nous raconte des histoires. Il est question d’interagir, de parler avec les locaux pour savoir comment c’était quand les sociétés cinématographiques étaient là, comment c’était avant, quel héritage ont-ils laissé ? Pour ce qui est des impacts négatifs, il y en a quelques-uns. Afin de les minimiser, il faudrait créer des festivals cinématographiques à différentes périodes de l’année, en basse saison, lors de l’intersaison. On sait que l’été, les touristes viennent sur place. Il faudrait presque éviter de promouvoir la haute saison et organiser des évènements, des festivals, des avant-premières en intersaison, voire hors saison.
[00:13:36] Brandon Presque chaque film se déroule dans un endroit, qu’il y soit filmé ou non. Qu’est-ce qui fait qu’un voyageur se dit que c’est un lieu où il souhaite se rendre ? Est-ce la qualité du film ? Quelle est l’histoire des personnages, comme vous l’avez mentionné un peu plus tôt ? Qu’est-ce qui provoque cette envie d’évasion chez le voyageur ?
[00:13:58] Dr Pratt Je pense qu’avec les films, la cinématographie joue un rôle important dans la manière dont le lieu est représenté. J’ai été professeur aux Fidji pendant quatre ans, où est filmée l’émission Survivor depuis peut-être 10 saisons. Dans cette émission, les candidats doivent faire les activités, participer aux épreuves et éliminer d’autres candidats. C’est une émission, mais les touristes veulent voir le lieu de tournage. Ce qui est assez inhabituel. Il n’y a pas eu beaucoup de films ou de séries tournés aux Fidji. Ensuite, il y a les destinations qui sont déjà connues, comme l’Empire State Building ou la tour Eiffel. Alors oui, des films y ont été tournés, mais c’est un peu plus difficile d’y vivre une véritable expérience ciné-touristique. Ces monuments sont déjà connus. Mais certains films ou certaines séries y sont associés. J’ai fait une étude sur le château de Highclere au Royaume-Uni, où a été filmé Downton Abbey, et qui était déjà ouvert au public. Là aussi, l’aspect géographique a joué. Même à l’intérieur du château, il y a les aristocrates aux étages et les servants en sous-sol. Voilà pour l’aspect géographique. Cela a aussi un impact sur la manière dont la série a été tournée et filmée. C’est aussi intéressant de voir ce qui se passe si le film a une histoire négative. S’il s’agit d’un film d’horreur par exemple, ou bien d’une fiction qui dépeint un pays sous une lumière négative, ça devient encore plus fascinant. Certains réceptifs locaux, je sais que c’est le cas aux Fidji, signent des accords stipulant qu’ils devront lire les scénarios pour autoriser le tournage d’un film. Ils n’autoriseront aucune représentation négative du pays dans un film quelconque. J’ai fait une étude à ce sujet avec le premier film Borat. C’était fascinant, car Sasha Baron Cohen a choisi le Kazakhstan parce que les Américains ne connaissaient pas ce pays. Ça aurait pu être le Tadjikistan. Ça aurait pu être le Kirghizistan. Mais ils ont choisi le Kazakhstan. Le film a été interdit dans le pays. Les gens en ont entendu parler, et ça a fait connaître le pays. Dans mon étude, je soutiens que les gens voulaient se rendre au Kazakhstan pour découvrir ce à quoi il ressemblait en réalité. Ils savaient que ce film était une comédie parodique. Ils savaient que c’était une farce. Et fait plutôt intéressant, la première scène, qui se déroule dans un village prétendument kazakh, a en fait été tournée en Roumanie. C’était un lieu de remplacement en quelque sorte. Quand le second film Borat est sorti, le gouvernement du Kazakhstan s’est montré plus ouvert et l’office du tourisme du pays a repris une blague récurrente du film pour montrer le vrai visage du Kazakhstan et en faire la promotion. Je trouve qu’il s’agit là d’une étude de cas très intéressante des impacts du ciné-tourisme, puisque l’on invite les touristes à visiter le pays alors qu’il est dépeint de manière négative dans le film et que celui-ci n’a pas été tourné là-bas. La vidéo de l’office du tourisme montre plusieurs personnes déclarant que le Kazakhstan est « very nice » en prenant une voix qui rappelle celle de [00:17:23] Borat. [0.0s]
[00:17:24] Angelique J’aimerais creuser un peu plus la question de l’implication des offices du tourisme, maintenant que vous avez abordé celle de l’implication des gouvernements, notamment dans notre secteur d’activité. Nous avons bien conscience qu’un réceptif local bénéficie naturellement du tournage d’un film ou d’une série alors même qu’il n’a rien à voir avec ou que le gouvernement n’a rien à voir avec. D’après votre expérience, qu’en est-il à ce sujet ? Certains gouvernements sont-ils plus doués que d’autres pour convaincre des sociétés cinématiques à tourner dans certains endroits ? Prenons comme exemple la troisième saison de The White Lotus. La révélation du lieu de tournage, la Thaïlande, a fait grand bruit. Comment cela va-t-il profiter au pays et quelle est la dynamique entre ces organismes gouvernementaux et les sociétés cinématographiques ? En quoi sont-ils en symbiose ?
[00:18:25] Dr Pratt C’est un gros risque. C’est un gros risque, car ils ignorent quelle sera la popularité de la série et si elle génèrera du ciné-tourisme, mais les crédits sont accordés à l’avance. De nombreuses destinations accordent des crédits d’impôt très intéressants pour accueillir le tournage d’un film. C’est un pari risqué ; il faut des crédits d’impôt de plusieurs millions de dollars pour que les équipes de tournage et les réalisateurs choisissent de tourner dans un endroit. La Thaïlande est un exemple très intéressant, car le pays a déjà eu une expérience du ciné-tourisme avec le film La Plage, dans lequel joue Leonardo DiCaprio. La plage était si bondée que les autorités ont dû la fermer.
[00:19:12] Brandon J’ai eu la chance de m’y rendre avant qu’elle ne soit fermée. Et je pense que les préoccupations que vous exprimez sont très pertinentes. Alors que nous réfléchissons à l’avenir, je pense que l’une des possibilités qui s’offrent aux organisations de destinations est de savoir en quoi consiste le processus de planification une fois le tournage terminé et avant l’avant-première et la sortie du film ou de la série. Angelique et Steve, je pense que vous allez pouvoir répondre à cette question. Quelle est la meilleure manière de se préparer s’ils s’attendent à ce que les touristes déferlent sur place après avoir vu le film ou la série ?
[00:19:50] Angelique Les destinations devraient se préparer pour faire face à tout flot de touristes. Cela a à voir avec d’autres sujets que nous évoquons actuellement dans le secteur, comme la durabilité ou l’accessibilité. Ce dernier aspect est très important. Il faut veiller à ce que les touristes puissent voyager vers la destination de leur choix, notamment du point de vue financier, à ce qu’ils se sentent acceptés et accueillis sur place et à ce que les habitants soient ouverts à l’idée d’accueillir l’éventuel flot de voyageurs. Il serait logique que les mêmes règles s’appliquent à une destination précise qui cherche à développer davantage le tourisme.
[00:20:38] Dr Pratt La cohérence doit être le maître-mot des produits et œuvres dérivés. Il faut que ça colle. La Nouvelle-Zélande a le slogan « 100 % pur » depuis longtemps. Quand vous regardez le Seigneur des anneaux, vous voyez ces paysages magnifiques, ces vastes étendues. Ils utilisent les ressources à disposition, c’est sans doute pour ça que le tournage a eu lieu là-bas, mais en établissant des liens entre chaque élément. Je pense qu’il est aussi très important que les produits et œuvres dérivés ainsi que la promotion du film soient cohérents, en accord avec l’image de la destination et ses atouts. Mon conseil, c’est d’être complet.
[00:21:26] Brandon Parlons maintenant de l’avenir. Nous allons faire quelques prédictions en tenant compte des films et séries qui sont actuellement populaires. Steve, quelles seront les prochaines destinations à la mode selon vous ?
[00:21:38] Dr Pratt Ce que nous avons vu après la pandémie de COVID est toujours d’actualité. La fréquentation des sites et le retour à la nature figurent encore parmi les préoccupations des gens. Je pense que nous allons assister à la mise en correspondance du tourisme et de la technologie, à la mise en correspondance de l’IA et des locations de vacances en lien avec des films. Je pense que cela aura son importance. Pour ce qui est des destinations, alors. J’aimerais bien voir… Je suis tiraillé, je dirais l’Australie et la Nouvelle-Zélande, qui ont encore beaucoup à offrir en termes de paysages époustouflants. Ça dépend aussi de l’histoire et des personnages. Je pense qu’il peut y avoir de plusieurs lieux de tournage différents. Si l’œuvre vous plaît, si vous vous identifiez aux personnages, tout cela sera renforcé par les paysages, la géographie.
[00:22:35] Brandon Et vous, Angelique ? Je te pose la même question. Quelles sont tes prédictions pour l’avenir ?
[00:22:40] Angelique Il est impossible de répondre à cette question. Je pense vraiment que la Thaïlande pourrait profiter du fait que la série The White Lotus y est tournée. J’aimerais également voir des pays qui ont été fermés pendant longtemps, qui n’ont pas connu de relance post-pandémie. Les pays asiatiques commencent tout juste à rouvrir leurs frontières. De nombreux voyageurs se rendent à nouveau au Japon. Je pense que la réouverture des frontières offre à ces destinations le potentiel de tirer parti de ce regain d’intérêt pour le ciné-tourisme. Et comme Stephen, je pense aussi que la technologie va jouer un rôle. Elle va nous permettre d’identifier, de retrouver plus rapidement et plus facilement les destinations qui apparaissent dans les films. On ne va plus deviner. Il y a quatre ans, quand vous regardiez un film ou une série, vous deviez rechercher parmi une centaine d’endroits différents pour retrouver le lieu de tournage. J’imagine qu’il était alors plus difficile de savoir que Game of Thrones avait été tourné en Croatie, en Irlande, etc. Maintenant, ce serait plus facile grâce aux fonctionnalités interactives disponibles sur Netflix et Amazon Prime et grâce à la manière dont nous associons cela à la technologie pour simplifier les voyages vers ces destinations que l’on voit à l’écran.
[00:24:11] Brandon Dernière question. Je veux faire la démonstration de ce concept d’« envie d’évasion ». Nous allons donc faire un tour de table, en commençant avec Stephen, puis Angelique, et enfin moi. Si vous deviez choisir un lieu de tournage d’un film ou d’une série où vous voulez vous rendre, mais n’en avez pas encore eu l’occasion, quel serait-il ?
[00:24:26] Dr Pratt Mon Dieu. Eh bien, je ne suis encore jamais allé au Mexique et j’aimerais voir les sites mayas et incas, notamment les pyramides. Donc le Mexique. Je ne vis pas très loin, à Orlando. J’ai hâte d’aller au Mexique. Ça fait des années que j’en rêve.
[00:24:47] Angelique Pour moi, ce serait le Montana, le Wyoming et l’Utah, qui n’ont pourtant jamais fait partie de mes plans. Je suis américaine, mais je vis à Londres maintenant. Ce n’est pas une région des États-Unis qui m’attirait particulièrement, mais j’ai regardé l’intégrale de Yellowstone ces derniers mois, et elle figure désormais en haut de ma liste. Le rêve serait de louer une maison dans un ranch sur Vrbo, d’emmener mon fils passionné de dinosaures faire des fouilles et d’admirer les paysages grandioses. Je n’aurais jamais pensé à cette destination, mais je suppose que c’est un exemple de l’influence qu’une série TV peut avoir.
[00:25:38] Brandon Il me semble que nous avons quelques adresses à Yellowstone répertoriées sur Vrbo.
[00:25:41] Angelique Je sais. Je les ai ajoutés à mes favoris.
[00:25:44] Brandon Vous regardez tous les jours ! Bon, alors, je plaide coupable. Je suis l’une de ces personnes qui ont cherché « Où est filmé The White Lotus » sur Internet. Je vais avoir besoin d’un peu plus de crédit OneKeyCash avant de partir en revanche. Donc je vais opter pour quelque chose de plus local. L’endroit où j’aimerais vraiment aller, c’est l’archipel des Keys. Quand j’ai vu les paysages dans Bloodline, avec Kyle Chandler, une série sortie avant la pandémie, je me suis dit que c’était magnifique. Il faut que ce soit mon prochain voyage. Il y a des vols directs au départ de Chicago depuis peu, donc je pense que mon prochain voyage sera les Keys. Mais il y a tellement de destinations différentes dans plein de pays. Quand vous avez évoqué le Mexique, il y a cette scène incroyable à la fin du film Les Évadés qui m’est venu à l’esprit. On peut dire ce qu’on veut, mais il est évident que les séries et les films constituent une véritable opportunité pour le secteur du tourisme et les organisations de gestion de destinations. J’ai adoré discuté avec vous, c’était passionnant. Merci à tous les deux pour votre enthousiasme et votre contribution.
[00:26:47] Dr Pratt Avec plaisir. Merci, Brandon.
[00:26:52] Brandon Voilà pour cet échange très instructif avec le Dr Pratt au sujet du ciné-tourisme, une pratique qui n’est pas nouvelle, mais qui a un impact énorme sur les destinations et leur économie.
[00:27:03] Angelique Je suis d’accord. J’ai apprécié le fait qu’il aborde à la fois les impacts positifs et négatifs du ciné-tourisme. On n’entend pas beaucoup parler des aspects négatifs de ce tourisme. J’ai aussi trouvé son travail de recherche sur le film Borat et son impact sur le Kazakhstan très intéressant.
[00:27:21] Brandon Oui, je ne m’attendais pas à parler de Borat dans un podcast Powering Travel, c’est certain ! Je pense que c’est le moment parfait pour aborder le travail de votre équipe, et qui est en lien avec la discussion que nous avons eue avec le Dr Pratt.
[00:27:37] Angelique Oui, avec plaisir. Nous avons récemment annoncé le lancement d’un nouvel outil qui, mais je ne suis peut-être pas objective, est assez novateur dans ce domaine.
[00:27:48] Brandon Je pense que les chiffres parlent d’eux-mêmes. Donc, c’est un produit et une plateforme de l’industrie. Pouvez-vous nous dire ce qui le rend si unique ?
[00:27:57] Angelique Bien sûr. Mon équipe chez Expedia Group Media Solutions a mis au point la première plateforme technologique de publicité et de voyage de ce genre. Qu’est-ce que ce jargon veut dire ? Nous espérons offrir une plateforme technologique de voyage qui donne aux voyageurs les outils pour réserver leur voyage tout en regardant ce contenu de voyage. En gros, c’est rendre réservable tout ce dont nous avons parlé aujourd’hui, ce tourisme du divertissement. La réalité est qu’il ne manque pas de contenu de voyage dans le monde dans notre secteur. Et que nos partenaires consacrent beaucoup de temps et d’argent à la production de ce contenu. Mais le ROI, le retour sur investissement sur ce contenu, et plus particulièrement le tourisme du divertissement à forte valeur, est très difficile à mesurer. Notre ambition, c’est que cette nouvelle technologie bénéficie au voyageur, bien évidemment, mais aussi qu’elle offre à nos partenaires une nouvelle façon de suivre les indicateurs, pour leur permettre d’affecter la valeur de ce contenu aux réservations. À l’aide de la technologie de la plateforme d’achat, nous avons créé un canal d’achat pour tout cet incroyable contenu. Ça s’appelle Go USA et on y trouve du contenu de voyage inspirant et des textes inédits, des cartes interactives, des idées de voyage. Il met en valeur l’étendue de l’offre de voyage d’un État à l’autre et permet aux voyageurs de consulter les informations sur les expériences et de réserver les hôtels tout en visualisant le contenu en temps réel.
[00:29:55] Brandon Génial ! Voyons voir si j’ai bien compris. Donc avant, quand je regardais une série et que je voyais un hôtel ou un lieu qui me plaisait, je devais chercher sur Google où la série avait été tournée en espérant que quelqu’un ait identifié l’hôtel, puis je devais aller sur l’application Expedia pour réserver dans cet hôtel. Décrivez-moi la nouvelle expérience.
[00:30:14] Angelique Maintenant, tout se passe au même endroit. Je pense que c’est ce que nous avions en tête quand nous avons participé à des séances de brainstorming et commencé à poser les premiers traits de ce à quoi cela pourrait ressembler. Nous sommes nous-mêmes des voyageurs. Et nous avions là l’opportunité d’aider les voyageurs et de leur éviter d’avoir à chercher où un film ou une série avait été tourné et de retrouver les lieux de tournage précis. Grâce à Expedia et à la puissance de notre technologie, nos partenaires fournisseurs ont pu mettre tout ce contenu au même endroit. Il est ainsi plus facile de rendre réel un voyage.
[00:30:51] Brandon Donc, la plateforme aide le voyageur à trouver l’inspiration pour ses voyages.
[00:30:58] Angelique Oui, et elle permet de passer très rapidement à la suite. Compte tenu de tout cela, nous pensons qu’il existe une occasion magnifique pour nous de travailler différemment avec nos partenaires, pour faire le lien entre la phase d’inspiration et la planification du voyage. Certaines sociétés s’intéressent spécifiquement à ça. Certains de nos concurrents ne s’intéressent qu’aux transactions finales, mais avec cette technologie, nous pensons pouvoir faire les deux.
[00:31:29] Brandon J’adore cette idée. La recherche d’un hôtel est grandement simplifiée. Certaines frictions liées à l’expérience voyageur sont éliminées. Pouvez-vous me décrire la manière dont le développement d’un tel outil profite aux destinations de vos partenaires ?
[00:31:42] Angelique C’est une question de narration. Grâce à la plateforme, les professionnels du marketing vont pouvoir raconter, d’une nouvelle façon et avec créativité, des histoires au sujet de ces destinations incroyables et spectaculaires. Nous espérons briser certaines frontières dans le domaine du tourisme du divertissement, aller plus loin que ce qui a été fait ces dernières années en ce qui concerne les récits éditoriaux très typiques. Parce que les films et la télévision nous donnent de fortes envies de voyage et que cette nouvelle technologie permet aux destinations de prendre vie au moyen de différents types de contenu, nous nous concentrons vraiment sur ce contenu vidéo de moyenne à longue durée qui n’est pas de la publicité. C’est du contenu dans le sens où il est ancré dans la narration.
[00:32:30] Brandon Comment les destinations devraient-elles réfléchir à ce qu’elles devraient mettre en avant et ce qui les rend uniques dans une perspective de développement des supports médias ? Comment faire le premier pas ?
[00:32:39] Angelique C’est une excellente question. C’est un défi de taille, car tout le monde essaie de se démarquer dans un environnement très, trop, saturé. Chaque destination a quelque chose d’unique à offrir, qui peut faire partie d’une stratégie de contenu commercialisable. Après, je suis persuadée que nous devons être plus intelligents et novateurs dans la manière dont nous faisons la promotion des destinations auprès du public. Personne ne veut que l’on s’adresse à lui via des canaux publicitaires dépassés. Il est plutôt question de développer un environnement fondé sur la loyauté et la confiance. Pour ce faire, il faut engager le dialogue, communiquer avec eux. C’est ça la vraie différence avec ce type de plateforme.
[00:33:43] Brandon Oui. Et tout n’est pas qu’une question de volume non plus, n’est-ce pas ? Il est aussi question de faire découvrir aux voyageurs de nouveaux endroits qu’ils ne pourraient pas trouver par eux-mêmes, non ? On peut donc considérer cela comme une façon innovante de créer du contenu pour les destinations, qui peut également soutenir les efforts de durabilité de ces destinations. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur la manière dont cela fonctionne ?
[00:34:04] Angelique Bien sûr. La question de la durabilité est très importante à nos yeux. Nous la prenons en compte dans la manière dont nous créons du contenu pour nos partenaires et nous veillons à avoir le plus faible impact possible sur l’environnement. Nous comprenons aussi que la dispersion des touristes est essentielle pour nos partenaires. Il n’est pas question d’envoyer tout le monde dans la même grande ville où le surtourisme est déjà un problème, mais plutôt de faire découvrir aux voyageurs des trésors cachés. Cette plateforme nous permet de travailler avec nos partenaires afin de faire la promotion de ces endroits moins fréquentés. Ainsi, si vous allez sur la plateforme Go USA, vous trouvez du contenu qui vous invite à explorer d’autres lieux que, par exemple, la Californie, Yosemite, Carmel et Monterey, qui connaissent le surtourisme depuis des années. L’objectif est de mettre en avant d’autres endroits et histoires pour favoriser la dispersion des touristes et introduire ce message de durabilité.
[00:35:00] Brandon Pouvez-vous nous en dire plus sur la Content Value Initiative ? De quoi s’agit-il ? Pourquoi est-ce si important pour ceux qui produisent du contenu et qui veulent faire la publicité de leur produit ou leur destination ?
[00:35:10] Angelique J’ai abordé le sujet tout à l’heure lorsque j’ai évoqué le retour sur investissement et la difficulté à mesurer la valeur du contenu. Entrons donc un peu plus dans les détails. C’est très intéressant, vous allez voir. La Content Value Initiative est une organisation de terrain récemment fondée par Brand USA. Elle a sollicité l’aide d’acteurs clés du tourisme et de l’hôtellerie pour répondre à la difficulté à mesurer l’impact du contenu au sein de l’industrie du voyage. Nous sommes ravis de prendre part à cette initiative. Permettre à nos partenaires de suivre et de mesurer l’impact de ce contenu, ce que cette plateforme va rendre possible, va aider le secteur dans son objectif visant à créer une mesure standardisée de l’impact et de la valeur de ce contenu, et de son impact sur les décisions de réservation. Ça en est encore à ses balbutiements, donc vous en saurez plus prochainement.
[00:36:10] Brandon C’est super ! Très bien. Je vais vous poser une question maintenant. Sur la base des 30 minutes que nous venons de passer ensemble, je doute fortement que vous ayez du temps libre pour regarder la télévision. Mais, si je devais vous déposer sur le lieu de tournage ou le plateau d’une série ou d’un film connu et que vous deviez y vivre pour toujours, quel lieu et quelle œuvre choisiriez-vous ?
[00:36:32] Angelique C’est une bonne question, Brandon. Nous en avons un peu parlé avec le Dr Pratt. Si je devais choisir maintenant, ce serait The White Lotus. Ce serait le vrai travail de mes rêves si je pouvais être Jennifer Coolidge pour le reste de ma vie sur le plateau de The White Lotus. Mais je fais déjà le travail de mes rêves !
[00:36:52] Brandon D’accord. Je vous imagine dans la peau de Jennifer Coolidge. Je ne vois plus la saison 2 de The White Lotus de la même manière ! Très bien. Ce fut un plaisir de vous recevoir. Merci d’avoir accepté notre invitation.
[00:37:05] Angelique Merci Brandon, c’était un plaisir.
[00:37:09] Brandon Nous allons vous mettre le lien vers certaines ressources dans la description de l’émission si vous souhaitez en savoir plus sur cette nouvelle plateforme TV d’achat. Merci encore de nous avoir rejoints pour la deuxième saison du podcast Powering Travel. Nous voulons avoir votre avis, alors n’hésitez pas à nous contacter à l’adresse poweringtravel@ExpediaGroup.com. Je répète, poweringtravel@ExpediaGroup.com, avec poweringtravel tout attaché. Abonnez-vous pour recevoir une notification lorsque de nouveaux épisodes sont en ligne et n’oubliez pas de noter et d’évaluer l’émission. Cela nous permet de savoir comment vous trouvez l’émission. Merci de nous avoir écoutés. Nous avons reçu des invités formidables, j’ai hâte d’entendre ce que vous avez à dire sur cet épisode. À bientôt ! C’était le podcast Powering Travel. Je suis Brandon Ehrhardt.
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Dr Stephen Pratt
Les recherches du Dr Stephen Pratt, du Rosen College of Hospitality Management de l’université de Floride centrale, portent notamment sur l’économie du tourisme, le ciné-tourisme et la durabilité.
Angelique Miller
Angelique Miller est directrice d’Expedia Group Media Studio, une agence de création interne offrant des services complets grâce à ses équipes chargées de la conception et du développement créatifs, de la création de contenu, de l’élaboration de stratégies, des réseaux sociaux et de la gestion de projets. Ses auteurs passionnés collaborent avec les marques pour créer des expériences numériques uniques et intéressantes.
Brandon Ehrhardt
Brandon est responsable du marketing des hébergements B2B chez Expedia Group et a joué un rôle essentiel dans l’expansion de nos programmes de partenariat, le lancement d’initiatives stratégiques et l’élargissement de l’utilisation des informations sur les revenus pour favoriser la réussite des partenaires. Il vit avec sa femme et leur enfant, un jeune passionné de voyages, à Chicago, en Illinois.
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